samedi 11 mars 2017

La peur du coup de fil

Je suis née au Québec et je vis en France depuis 1985.  
A l’époque mes parents avaient déjà plus de soixante ans.  Les années passant, mes parents vieillissant,  j’ai commencé à ressentir la peur de recevoir un appel téléphonique la nuit, m’apprenant une mauvaise nouvelle.

En 2005, j’ai reçu la première salve de coups de fil.
Un dimanche, un appel de ma sœur, la panique dans sa voix : « Anne, papa est tombé dans la salle de bains, il a perdu connaissance, l’ambulance vient d’arriver, on l’emmène à l’hôpital, on te tient au courant ».
Je me souviens d’un deuxième coup de fil : « Papa a fait une hémorragie cérébrale ».
Troisième coup de fil, au bureau cette fois-ci : mon beau-frère qui m’apprend que l’hémorragie est très importante et que mon père n’a plus que quelques jours voire quelques heures à vivre. 
Je me rappelle de la main de Guillaume sur mon épaule, mon ami et voisin de bureau, me conseillant de rentrer chez moi.
Et puis le dernier coup de fil qui m’a sortie brusquement du sommeil, la nuit, comme je l’avais tant redouté. Cette fois-là, c’était mon frère qui m’apprenait la mort de papa.

L’année dernière, j’ai reçu la même série de coups de fil, pour maman cette fois-ci.

Et maintenant, je n’ai plus cette peur du coup de fil.  J’en suis libre.
Mais finalement, je préfèrerais encore avoir peur de la mort de mes parents.

Tout ça pour vous dire que nous n’avons pas à avoir peur de la peur.  
La peur est ouverture, lien, rapport. Elle a toujours quelque chose à nous dire.

On découvre cela dans la pratique de la méditation, tout du moins dans la façon dont elle est transmise par Fabrice Midal, dans le prolongement de Chögyam Trungpa.  

C’est une transmission très précieuse.

J’ai lu quelque part que seuls les psychopathes n’avaient pas peur.  
La peur est le signe de notre humanité.  Honorons-la.

Anne Vignau
Saint-Gratien

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