mercredi 6 avril 2016

Simple d'esprit

Le méditant – un simple d'esprit dénué de conscience professionnelle...
Terrible découverte ! Et néanmoins indéniable –  le méditant est un simple amateur dénué de conscience... Hélas ! Cette constatation n'est pas le fruit d'un emportement passager contre la gent méditative mais celui d'une étude rigoureuse des termes sus-mentionnés. Démonstration.

Fabrice Midal et les philosophes nous apprennent que la notion de conscience est la manière dont l'Occident dédouble l'esprit depuis Descartes – une impérieuse tentative pour mettre l'esprit à distance d'observation. Par définition donc la conscience est dualiste, elle est basée sur le fait que je regarde quelque chose d'autre, j'ai conscience de moi-même par le biais d'un tiers dans une auto-affirmation de moi-même. 

Or le méditant, quand il est posé corporellement et attentif à son souffle, entre en rapport à ce qui est de façon non-conceptuelle, en faisant un avec ce qui se présente, qu'il s'agisse d'une odeur de café ou d'une crise subite de jalousie. Cet accueil de-ce-qui-est-comme-c'est constitue l'activité ordinaire de l'esprit, sans filtre duel, donc sans conscience.

Mais il y a pire encore – cette absence de conscience n'est absolument pas professionnelle. Tandis que le professionnel est un expert – celui qui sait – le méditant est toujours un débutant, qui plus est un débutant aimant – un amateur – c'est à dire, au sens propre, une personne qui aime les choses pour elles-mêmes.

Ni pro, ni consciencieux... Pauvres de nous ! Une seule petite chose pour nous consoler –  se dire qu'à défaut de conscience, le méditant a de l'esprit. 

Car méditer c'est regarder l'esprit avec l'esprit – comme le ciel se voit dans la mer – paradoxe insondable et mouvant, reflet que ne saisira jamais aucune réflexion – pure joie d'être simplement.

Yves Dallavalle
Chapendu

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